mercredi 28 octobre 2009

Le crawl : un des points clés du triathlon

Le crawl est la nage utilisée pour battre des records du monde en nage libre, pour le triathlon, pour les courses de longues distances (5km, 10km, 20km ...). Donc forcément a priori le crawl est la nage, la plus économique et la plus rapide parmi les 4 nages.
Lors d'une compétition à la fin du 19ème siècle en 1897, un journaliste s'écria "Look at the kid crawling !" en voyant la technique de nage des frères Wickham. Depuis le nom de Crawl est resté.
Les dates clés du crawl sont :
- 1922 : Johnny Weissmuller( Tarzan) descendit en sous de 1 min au 100 m
- 1926 : Gertrude Ederlé batta le record de la traversée de la Manche (~30km) avec le crawl en 14h 39 min => le crawl est la nage la plus économique. Au passage la première tentative réussie de la traversée de la Manche a été effectué en 21h 45 min en 1875 par Matthew Webb.
C'est une nage moderne par rapport à la brasse qui est plus naturel et instinctif.

L'efficacité du crawl :
- L'horizontalité du corps qui permet d'avoir une surface frontale faible par rapport aux autres nages. Le corps est toujours dans une position de flèche.
- Les retours aériens minimisent les résistances à l'avancement.
- Les mouvements alternés des bras assurent une continuité des actions motrices, il y a un temps mort en brasse et en papillon
- L'utilisation faible des jambes => très important en triathlon
Le choix du crawl est incontournable en triathlon, la brasse est trop exigeante pour les jambes, le dos pas très pratique pour voir où on va et le papillon ...

Pour un terrien (un coureur), le milieu aquatique est quelque peu déroutant :
- Une perte des appuis plantaires
- Les appuies sont fuyants
- Une équilibre horizontale et non verticale
- Un regard vertical et non horizontale
- La vision est trouble, réduite
- L'ouïe est perturbé, les sons sont assourdies
- La respiration est inversée : l'expiration active et inspiration passive
- L'eau a une capacité d'absorption de la chaleur 340 fois mieux que l'air, et puis qu'on est déjà mouillé on ne transpire pas :).

Les marathon de natation :
- La traversée du lac Memphrémagog : 34 km. 2009, Petar Stoychev (6h 58m, 39)
- La traversée du lac St-Jean : 32 km. 2009, Petar Stoychev 07h 16m 22
- Le marathon aquatique SantaFe Coronda : 57 km.
- Marathon Capri Napoli : 36 km. 2009, VITEK Rotisla 6h 42’ 55” 3

En ce qui me concerne, ma progression en crawl me désespère énormément, en un an je suis capable de passer de 0 à 100km en course à pied tandis qu'en crawl je suis passé de 25m à 500m ... Mon rêve : un marathon aquatique, celui de Capri Napoli me plait bien ! Il faudrait que j'apprenne à me ravitailler en nageant :).

dimanche 25 octobre 2009

Récap semaine 19/10 à 25/10 : ça revient

Un mois après Millau je n'ai toujours pas effectué de course à pied, mais l'envie de courir revient. Je commence à vouloir chausser mes runnings et aller me défouler, courir commence à me manquer ... Cependant j'attends encore un peu, je veux recourir quand cela va vraiment me manquer.
Grâce à la natation et le cyclisme, je récupère tout en douceur et je maintiens une certaine forme (pour un trail). J'hésite toujours pour l'Origole en décembre.

Bilan :
Natation : 5 km (3 séances)
Vélo : 70 km (1 sortie)
Cap : 0 km

Motivés, motivés
Il faut se motiver !

mardi 20 octobre 2009

Mon plan pour devenir un IronMan

Comme pour mes précédents défis, je préparerai mon IronMan tout seul. Même si le contact avec les autres triathlètes me permettrait d'être plus performant, de réduire ma courbe d'apprentissage. Je préfère tout de même avoir la souplesse du choix de mes entrainements; nager, courir, pédaler quand j'ai envie.
Etant donné que je ne suis pas à la recherche de la performance, cela ne me nuit pas trop à me coacher moi-même. En fait je ne suis pas tout à fait seul, je suis accompagné par vous, les lectrices et les lecteurs, vos commentaires, vos remarques, vos conseils me permettent d'avoir un regard extérieur sur ma préparation, mes entrainements. Vous me remplacer en quelque sorte le club et le coach.
Mon plan consiste à :
1) M'améliorer en crawl, c'est la nage la plus économe pour les jambes. Le but du jeu est de préserver au maximum ses jambes en vue des 180km et du marathon. C'est l'épreuve que je crains le plus.
2) Rouler le plus possible, avec l'automne et l'hiver il m'est impossible de rouler en soirée après le travail. Je vais profiter au maximum des week end sans pluie pour apprendre à pédaler rond (pousser et tirer en même temps), à utiliser les braquets et acquérir une fréquence de pédalage élevée. Je passerai certainement plus de la moitié du temps sur le vélo à Nice ...
3) Améliorer mes capacités en course à pied, en principe je vais pouvoir reprendre des séances fractionnées et des séances au seuil, ma tendinite achilléenne est partie.
En automne et en hiver ma préparation est axée sur la natation et la course à pied. Au printemps elle sera axée sur le vélo et la course à pied. Comme il est rarement possible d'enchainer les trois disciplines, il faudrait néanmoins effectuer des enchainements vélo-cap, natation-vélo.
Au niveau du volume d'entrainement, une charge hebdomadaire d'au moins 10h sera nécessaire. Je ne vais pas m'ennuyer ... :-).

Ma musique préférée pour me motiver à aller m'entrainer quand je n'ai pas envie:

dimanche 18 octobre 2009

Récap semaine 12/10 à 18/10 : je récupère, mes jambes récupèrent

Toujours pas de course à pied au programme, je n'ai pas envie de courir, c'est terrible ! Je n'avais jamais ressentie cette sensation auparavant. Ceci est peut être du à la fraicheur physique, je n'ai pas encore récupéré. J'ai délaissé la course à pied pour d'autre sport d'endurance la natation et le cyclisme.

Bilan de la semaine :
Natation : ~6km pour 4 séances. Auparavant je me battais avec l'eau, maintenant je commence à prendre du plaisir, je sens la glisse et le roulis de mon corps dans l'eau.
Vélo : 80 km (3h), j'ai vécu 10 km de cauchemar pour rentrer !
A partir du 70 km je commençais à avoir faim (mon petit déj était trop léger), tout commence par un début de l'hypoglycémie avec les jambes coupés (Gilles n'était pas là avec ses mars et ballisto), puis quelques kilomètres après une hypothermie due à la baisse de l'activité et mes vêtements trempés. Je voyais flou, je pédalais en zigzaguant et en reglotant, et j'essayais d'être au maximum au le soleil pour rentrer (j'ai mis 30min pour faire 5 derniers km !). En rentrant je ne prend même pas le temps de me changer, je reste en tenu cycliste avec les chaussures et je me jette sur la nourriture. Après, j'ai du rester pendant 2 heures sous la couette pour me réchauffer.
La prochaine fois je prendrai avec moi un peu d'argent pour m'alimenter au cas où ...

Pour l'instant ma participation à l'Origole de 75 km est encore hypothétique, je ne me sens pas en forme pour affronter ce trail, mais dans une ou deux semaines ...

vendredi 16 octobre 2009

Harder, better, faster, stronger.

Work It Harder Make It Better. Do It Faster, Makes Us stronger. More Than Ever Hour After. Our Work Is Never Over
La fin : chapeau !

mardi 13 octobre 2009

Mon prochain défi : 226 km.

Vous avez raison, un de mes prochains défis concernent un ultra trail de plus de 100km de type UTMB ou GRP. Mais avant cela je veux relever un autre challenge. Pour instant l'UTMB n'est pas à ma portée, je dois accumuler davantage d'ultra.

Mon prochain défi sera :
Quoi? Un Ironman, parce que :
- J'ai déjà nagé 3,8km à la piscine. Et puis j'aime bien nager, j'effectue mon entrainement croisé en natation. Et puis ça permet d'entretenir une musculature des épaules :).
- J'ai déjà effectué 200km en vélo. Le vélo c'est mon compagnon de tous les jours, il égaye mes matins, et me détresse le soir. C'est grâce à ça que j'ai envie d'aller au travail.
- J'ai déjà couru un marathon. J'aime la course à pied, je peux passer des heures et des heures à courir sans me lasser. En principe c'est mon point fort en triathlon.
- J'ai déjà enduré un effort de 14h30
En 2010, j'aurais 30 ans, c'est l'un des rares moment de notre vie où le chiffre 3 est fortement présent, une année idéale pour relever un triple défi :). Un défi pour faire passer la pilule des 30ans.
Où? Nice, parce que :
- Je connais la ville, je serai moins perdu, moins stressé.
- C'est facilement accessible par les transports (train, avion),
- La natation se fait dans la mer, comme je suis un mauvais nageur, j'aurais une meilleure flottaison.
Quand? Dimanche 27 juin 2010, la date me convient parfaitement :
- Je vais enfin pouvoir profiter calmement de mes vacances d'été, sans me préoccuper des entrainements, de la diététique .... (l'expérience de Millau a traumatisé mes vacances :).
- J'ai trop hâte d'y être.
Comment? Mes objectifs : 1h30 en natation, 7h en vélo (2000m D), 4h au marathon => 12h30, mais connaissant mes capacités de prédiction je me préparerai mentalement pour supporter 14h.

Sinon en 2010 je m'alignerai sur quelques trails afin d'accumuler des points et de l'expérience en vue de l'UTMB. Je pense que l'UTMB sera mon dernier défi, après je me mettrais à tricoter pour préparer tranquillement ma retraite :).

Je ne lasse pas des vidéos sur l'Ironman :

dimanche 11 octobre 2009

Semaine +2 : reprise d'activité

Je n'ai pas encore repris la course à pied depuis Millau, je n'ai aucun envie d'aller courir. J'ai mangé trop de kilomètres dernièrement, je dois prendre mon temps pour les digérer. Il ne faut jamais abuser des bonnes choses :). Penser à courir me fatigue. Mais je peux nager et rouler.
Sinon j'ai repris la natation, je commence à mieux me sentir dans l'eau.
J'ai fait une sortie en vélo, j'ai pu enfin tester mon nouveau vélo, il est impeccable, bien stable dans les lignes droites et bien réactif. Pour la première fois j'ai roulé en peloton, ça va vite et j'ai de l'appréhension à rouler aussi près des autres, mes mains sont en permanence sur les freins.

Bilan :
Natation : 3 km pour 2 séances
Vélo : 60 km
Cap : 0 km

Sinon je commence à cogiter pour ma prochaine course : l'Origole (75 km et 2000 D), le 05 décembre, une course de nuit. Mais début décembre me semble trop juste au niveau de ma récup, je n'ai pour instant aucune envie de me lancer dans une préparation pour une quelconque course. Je vais suivre l'état de mon corps, si tout va bien je prendrai la décision mi-novembre.

Une vidéo qui motive bien :


mardi 6 octobre 2009

Les 100 km de Millau : une métaphore de la vie.

J'ai enfin fini mon CR, il est aussi long que les 100 km de Millau. J'espère que j'ai pu retranscrire une partie de ce que j'ai vécu. Je suis ravi de pouvoir partager cet expérience avec vous. Ecrire ce cr m'a permis de prolonger mon aventure de Millau et de revivre ma course. Mon aventure des 100 km s'est achevé seulement avec ce récit et ce billet.

Les 100 km de Millau : une métaphore de la vie

Quelques mois après mon premier marathon en avril, le samedi 26/09/2009 je suis sur la ligne de départ pour un nouveau saut dans l’inconnu avec toujours un même questionnement « pourquoi je fais ça ? ».
Qu’est ce qui nous pousse à courir, à toujours aller plus loin ? Pourquoi cherchons-nous à souffrir ? Pourquoi passons-nous des heures à s’entraîner durement? Pourquoi faisons-nous des efforts inhumains pour atteindre la ligne d’arrivée ?
Les scientifiques nous expliquent que cela est du à la dopamine, les coureurs de longues distances sont des drogués, nous recherchons toujours une dose de plus en plus forte. Cette explication ne me convainc pas. Les non coureurs disent que les marathoniens et les ultramarathoniens sont des fous, cette explication non plus ne me convainc pas non plus. J’espère que nous ne sommes ni malade, ni idiot, ou bien les fous ne savent pas qu’ils sont fous.
« Pourquoi ? », cette question revient sans cesse lors de ma préparation au marathon, lors de ma préparation pour les 100km. La réponse à cette question peut-elle se résider dans le symbolisme du chiffre 100 qui peut représenter la durée d’une vie. Mes 100km de Millau furent une expérience de vie à l’intérieur d’une vie, en l’espace de 14h25 j’ai vécu une vie bien courte mais intense, une vie dure mais remplie de bonheur. La question « Pourquoi on court ? » n’a-t-elle pas des points communs avec la question « Pourquoi on vit ? ». Les 100 km de Millau vont me permettre de trouver la réponse à cette question?

Prologue

Mon défi d’effectuer un ultramarathon a débuté lorsque j’ai lu le livre UltramarathonMan de Dean Karnazes en novembre 2009 lors de ma préparation pour mon premier marathon. A la lecture de ce livre j’ai découvert qu’il existe des courses plus longues que le marathon et que c’est humainement faisable. A partir de là, j’ai décidé d’effectuer un 100km pour mon premier ultramarathon, le marathon n'a été qu'un objectif intermédiaire pour aller plus loin.
En remontant dans le temps, j’ai commencé à courir à partir d’un défi lors d'une journée d'été, d’effectuer Paris-Versailles le 28 septembre 2008 (j’ai mis 1h24 pour faire 16km), à l’époque le dénivelé et la distance me faisaient peur. Un an après le 26 septembre 2009 me voilà aligné sur une course avec la même peur au ventre du dénivelé et de la distance. Puis lors de la préparation à Paris-Versailles je suis tombé sur un article sur le marathon dans un magazine gratuit sur la course à pied, ce qui m'a donné envie de faire le marathon et depuis ...
Pourquoi Millau et pas une autre course? J’avais fait part de mon projet à Cyril (on se connaît à travers nos blogs sur la course à pied) et après quelques échanges, nous nous sommes mis d’accord que pour notre premier 100 km, nous allons relever un défi commun, celui d’aller se challenger sur l’épreuve la plus prestigieux et la plus dure des 100km en France. Ensuite j’ai usé mes souliers pendant des centaines kilomètres pendant l'automne, l'hiver, le printemps et l'été. J’ai pu surmonter les imprévus comme une tendinite au talon d’Achille, une lourde chute en vélo pour arriver en plein forme sur la ligne de départ accompagné de Gilles en vélo. Mon aventure avec Gilles se poursuit après le marathon de Paris où nous nous sommes entraider pour franchir l’arrivée ensemble.
Et comme rêve de vie à Millau, je me suis fixé trois objectifs de temps, le premier consiste à finir en moins de 12h, le seconde en moins de 14h et le troisième finir la course. Voilà l'origine de ma vie millavoise.

La naissance

Après plusieurs mois de gestation, qui consistait à enchainer des sorties longues afin que mon corps, mes jambes supportent des efforts de longue durée, tous les heures agréables ou désagréables passées à courir m'ont permis de me forger un corps et un mental d'ultramarathonien. L’aventure Millau a commencé par un saut à la ville rose, Toulouse pour rejoindre Cyril qui nous a ensuite emmené à Millau, nous avons pu ainsi reconnaître une partie du parcours. La côte qui passe en sous du viaduc de Millau semble être si facile à grimper en voiture.
Arrivée la veille à Millau, nous avons procédé au rituel immuable de toute course, retrait des dossards, diner (pâtes), puis préparation pour le lendemain : épingler le dossard, épingler les dossard courir d’Aide et Action, préparer son sac, son ravitaillement, gérer ses peurs, ses doutes… La période précédant sa naissance est toujours agité, j’ai du mal à dormir, ma nuit a été longue, je me projette inlassable sur la parcours, j'essaie d'imaginer les difficultés, mais ce que je vais vivre dépasse mon imagination.
Le lendemain, après un déjeuner costaud je me rends au départ avec Cyril tandis que Gilles est parti plus tôt pour prendre le vélo. L’air est frais avec un soleil et un ciel qui annoncent une chaude journée.
Vers 9h30, la procession vers le départ est donnée, nous marchâmes durant un kilomètre pour aller du Parc de la Victoire au départ sur l’avenue Jean Jaurès, un petit échauffement des jambes pour une longue journée … La procession était lente, sobre avec l’atmosphère paisible du sud.
A dix heure précise le départ est donné une ou deux minutes après je traverse le portique du km 0 symbole de la naissance d’une vie millavoise qui sera belle mais dure avec des hauts et des bas.

Les joies de l'enfance

L’enfance est une période déterminante de notre vie, la période de la construction de notre personnalité, de notre caractère. Les traumatismes dans l’enfance se répercutent à l’âge adulte. L’enfance représente également l'insouciance, la joie, la curiosité, l’émerveillement pour les choses simples. Les premiers kilomètres me rappellent les joies simples de l'enfance.
Depuis que j’ai traversé la ligne de départ, j’apprécie ma joie d’être sur une course légendaire, de courir sur une épreuve que j’ai tellement attendue, préparée durant des mois. Avec Cyril on papote, on plaisante, on découvre Millau, on profite du soleil qui nous réchauffe. Les premiers kilomètres se défilent aisément.
Après 7km, nous retrouvons avec impatience nos suiveurs en vélo, le nombre de participant double, l’atmosphère est chaleureuse, festif, je retrouve Gilles qui m’accompagnera durant toute cette vie à Millau. Nous longeons la rivière du Tarn et nous pénétrons petit à petit dans les gorges du Tarn avec un paysage magnifique, que c’est beau! C’est merveilleux de pouvoir courir dans un tel cadre par une journée ensoleillée d’automne.
Nous découvrons avec émerveillement les premiers ravitaillements avec des sandwichs à la crème de Roquefort qui éveille nos papilles. Nous profitons du moment présent, sentir la souplesse de ses foulées, la fluidité de ses jambes, sentir la fraîcheur de l’air, la douce chaleur du soleil.
Les 10ème km sont effectués aisément en 1h11min. Il ne reste que 9 fois 10km à faire :-).

L'adolescent bien dans sa peau

De profonds bouleversements psychiques et physiques marquent la période d’adolescence. L’insouciance de la jeunesse s’éloigne peu à peu, l’émerveillement de la vie également mais les sentiments d’invulnérabilité prennent place, l'adolescent surestime toujours ses capacités. Mes jambes fonctionnement merveilleusement bien, je me sens invulnérable devant les 100km. Avec mes compagnons nous sommes plus calmes, plus posés, moins bavards, davantage concentrés. Les mécanismes de mes jambes sont bien huilés, les premiers dizaines de kilomètres étaient de l'échauffement.
Même si nous sommes derrière le meneur d’allure de 13h, je me sens capable de finir en sous de 12h, je suis dans une période où toutes les rêves sont permis, je suis confiant dans l’avenir, confiant dans mes capacités … L’innocence de l’adolescence sur la dureté de la vie. Vers 12h20, j'atteins le 20ème km (10ème au 20ème km en 1h10).

Le jeune adulte

Le passage à l’âge adulte se traduit par de nombreux événements importants qui impactent notre futur. L’avenir devient plus préoccupant, nous ne pouvons plus vivre dans l’insouciance. Il faut planifier, gérer ses ressources, affronter la dure réalité et être confronté à ses responsabilités.
Un premier événement vient perturber ma vie millavois peu après le semi marathon, je laisse partir petit à petit Cyril, mon rythme cardiaque comme à s’élever, je réduis mon allure afin de ne pas accumuler l’acide lactique. Je respecte ma stratégie de course, la journée sera longue, il faut penser à l’avenir, accepter les séparations, tracer son propre chemin.
A partir du semi la course devient plus dure, le soleil est au zénith, la chaleur comme à me peser. Tous les coureurs cherchent à courir à l’ombre. La route change de profil, les montées et les descentes se succèdent. Je suis obligé de faire plus d’effort pour maintenir mon allure, je m’arrête plus longuement aux ravitaillements.
Quelques coureurs plaisantent sur mon dossard « Courir pour un futur meilleure » pour Aide et Action : « Vu la situation économique actuelle, l’avenir ne sera pas meilleur » mais dans la vie comme en course à pied, il faut persévérer, être patient, ne pas abandonner, être optimiste et croire dans un avenir meilleur.
J’ai mis 1h11 pour effectuer les kilomètres du 20ème au 30ème. J'atteins le semi au bout de 2h30 de course. Tout est parfait jusqu'ici.

L'âge de la maturité

Comme dans la vie nous avons l'impression que l’enfance se déroule lentement, nous avons beaucoup de souvenir de l’enfance, l’adolescence semble passer rapidement, l’âge adulte également.
La jeunesse commence à être loin derrière moi, ma force et mon énergie sont de moins en moins débordants, je me concentre sur mes foulées, sur mes sensations afin d’affronter sereinement les hauts et les bas. La boucle du marathon n'est si plate que ça.
Les ravitaillements ne me suffisent plus à étancher ma soif, j’ai recours à mon bidon d’eau que Gilles prend soin à le remplir à chaque pause ou point d’eau. Je poursuis tranquillement ma route, à mon allure d'ultramarathonien, je ne rencontre point le mur entre le 30ème et 35ème km et je ne souffre point de la chaleur. Au fur et à mesure que nous approchons de Millau, les spectateurs sont de plus en plus présents, leurs encouragements, leurs soutiens font du bien moralement. Pour ne pas inquiéter mes proches, depuis le début, je préviens de temps en temps ma femme par SMS ou par un appel rapide de mon temps en retours elle m’envoie des messages de soutien. La dureté de la vie est amoindrie par l’entraide, l’amitié, la solidarité et l’amour.
A l’approche du marathon, sur l’avenue Jean Jaurès nous croisons les coureurs qui partent pour attaquer la deuxième et terrible boucle. Nous apercevons Cyril, nous nous encourageons. Les aléas de la vie éloignent physiquement mais les liens d’amitié demeurent et n'ont pas de limite dans l’espace temps.
Arrivé au Parc de la Victoire, les marathoniens savourent leurs victoires, cela me rappelle mon premier marathon où j’ai rejoins le royaume de Philipiddès épuisé, vidé mais heureux. J’ai mis cette fois-ci 5h pour effectuer le marathon, même à cette allure je suis tout de même épuisé, je suis plus fatigué que ce que j’avais prévu, c’est de mauvais augure pour la suite …
Je suis maintenant arrivé à la moitié de ma vie, je me donne du repos afin de profiter un peu des plaisirs de la vie. Je mange un peu dans la salle des fêtes puis je m’installe sur une chaise, je prend le temps de changer de chaussette, de masser mes pieds puis je me dirige vers la salle de soin pour me faire masser les jambes. Mon arrêt au marathon a durée environ 20 min, je me sens revigoré, même si c’est un peu dur pour les jambes de repartir. Je me sens bien mentalement mais je suis tout de même préoccupé par mes jambes. Mon espoir de faire moins de 12h reste intact. Mais vu de l'extérieur, c'est impossible, la deuxième partie sera plus beaucoup plus dure que la première.
Il est 15h20, je retrouve Gilles à l’entrée du Parc de la Victoire qui observe avec émerveillement l’arrivée des marathoniens, nous partons pour la partie qui fait la légende de Millau et qui marque le monde inconnu pour moi, je n’ai encore jamais couru au-delà de 42,195 km en course.

Une montée tranquille

Courir dans Millau est pénible avec la circulation, mais quelques centaines de mètres plus loin. Quelques minutes après Creissels nous commençons à percevoir le viaduc de Millau. La vue du viaduc de Millau annonce la première difficulté.
J’attaque la montée vers le viaduc à une bonne allure avec peu de marche, la majorité de coureurs marchent, j’arrive à courir en faisant de petits pas, j’ai même pu filmer Gilles pendant quelques instants. Le paysage est merveilleux. Au sommet de la montée nous nous retrouvons en sous du viaduc de Millau, c’est gigantesque, « waow » ! Les lignes sont pures, sans fioritures, les pylônes sont immenses. Je m'attarde pas pour contempler l'architecture, aussitôt arrivé, aussitôt reparti.
Lors de la montée, mon rythme cardiaque est assez élevé mais je me sens bien. J’ai mis 1h30 pour effectuer les 10km entre le 40ème et le 50ème, en enlevant les 20 min de repos au marathon mon allure est assez stable. J’ai bouclé les premiers 50km en 6h20. Mais plus je m’avance dans le bourbier de Millau, plus je perds du terrain par rapport à mon espoir de finir en moins de 12h.

Le retour du bâton

La descente sous le viaduc de Millau est exigeante pour les jambes, monter ne requiert qu’une bonne condition cardio-respiratoire mais descendre requiert en plus une souplesse musculaire, ligamentaire et tendineuse. Les jambes jouent le rôle d’amortisseurs, à chaque foulée il faut encaisser l’onde de choc, après 50 km, mes jambes sont moins souples, mes pas résonnent lourdement sur le bitume. Je n’ai pas effectué d’entraînement en pente et j’en paie le prix.
Lorsqu’on arrive au ravitaillement St Georges de Luzençon (53ème km), il y a du monde au point de massage, je décide de m’auto-masser avec de la crème chauffante. En repartant, je commence à sentir les orteils, mes chaussures sont un peu étroits et je sens l’effet des toxines qui s’accumule dans mes jambes, c’est dur de faire repartir les jambes. Je dépasse à peine la moitié de la course et je commence à sentir des picotements aux quadriceps et à avoir mal aux orteils, mes chaussures sont trop juste à pied.
Peu après le 55ème km dans la portion la plus plate de la montée vers Tiergues, j’ai connu une défaillance, j’ai du mal à courir, j’ai faim, mes jambes ne veulent plus avancer. Heureusement qu’il y a un point de ravitaillement avec des sonos à fond, et là j’ai avalé à grande vitesse les fruits secs, les pâtes de fruits, les bananes, les oranges et les morceaux de pains avec du pâté, de la crème de roquefort puis je repars doucement afin de bien assimiler mon « repas ».
Il m’a fallu 1h33 pour parcourir les 10 km du 50ème au 60ème. Il est au alentour de 17h20. Ma défaillance et mon arrêt d'auto massage m'ont fait perdre 20 min.

Le déclin physique

Dans notre vie nous arrivons à un âge où quoi qu’on fasse, notre corps est soumis au déclin physique, les marques du temps sont de plus en plus visible, nous ne pouvons rien contre cela, il faut accepter, gérer notre capital de vitalité.
Arrivé au ravitaillement de St Rome de Cernon, j’effectue une nouvelle fois un long arrêt avec massage, pour préparer mes quadriceps et mes mollets à affronter la montée vers Tiergues. Une petite anecdote culinaire : à partir de là nous avons de la soupe lors des ravitaillements.
La montée vers Tiergues est longue, elle semble être interminable, les pentes se succèdent en serpentin. J’utilise la méthode cardio, je marche quand mon rythme cardiaque est entre 160-165 puls/min quand il redescend vers 150-155 puls/min je cours à nouveau. Cette méthode ainsi que la méthode Cyrano permet en partie de rompre la monotonie de la montée, on est davantage concentré sur nos sensations et le temps semble avancer plus vite. Après les efforts de la montée, le réconfort au ravitaillement de Tiergues, je fais de nouveau un arrêt massage, repartir après les arrêts massages devient pour moi de plus en plus pénible.
Après la montée, il n’y a pas de répit possible, il faut affronter le dénivelé dans l’autre sens pour aller vers St Affrique. Pour moi la descente après le viaduc de Millau était pénible alors pour aller à St Affrique …
Descendre fait mal aux jambes, mais penser au repos et au long massage à St Affrique me motive, à quelques kilomètres de St Affrique nous recroisons Cyril qui remonte vers Millau, il a l’air d’aller bien, on s’encourage de nouveau. Au fur à mesure que nous avançons vers St Affrique la nuit, la chaleur, la motivation tombe mais l’espoir du repos me fait avancer. Nous atteignons St Affrique avant la nuit, cela fait du bien au moral.
Les kilomètres du 60ème au 70ème sont effectués en 1h47, les deux arrêts massages ont pris beaucoup de temps. Arrivé au 70ème j’ai une certitude que je finirai la course, il est impensable d’abandonner à 30km de l’arrivée. La nuit commence à tomber il est 19h40 quand je dépasse 70km. Il n'y a pas de plat, de répit à Millau, soit on monte, soit on descend ou soit on s'arrête au ravitaillement.

Une nouvelle course commence

La salle de repos à St Affrique ressemble à un camp de soin dans les films de guerre, des coureurs sont allongés sur les tables, les kinés et les ostéopathes s’affairent autour pour panser les plaies, masser les jambes endolories. Place maintenant à l’épisode « Il faut sauver le soldat K’koud », je m’allonge sur une table, le kiné essaie de réparer mes jambes avec un long massage des quadriceps puis des mollets. Puis je prend le temps d’épingler mon dossard sur mon t-shirt longue manche rouge porté lors du marathon, pour Gilles ce tshirt me donnera du punch, je serai un nouveau coureur. Ensuite je change de chaussette, je masse mes pieds avec la crème Nok et avant de rejoindre Gilles, j’avale quelques gobelets de soupe et quelques morceaux de pains, de fruits secs ... Je suis de nouveau prêt à aller affronter les terribles pentes de Millau.
Lorsque je suis sorti de la salle des fêtes de St Affrique, il est 20h20, la nuit s’est définitivement installée sur la course, il me reste moins de 30 km à faire, 3 fois 10km ou une sortie longue. Malgré mes jambes douloureuses je me sens bien, le repos m’a rajeuni, m'a vivifié. Gilles m’a prévenu que le meneur d’allure de 15h est déjà sur la route depuis lontemps. Je dis alors à Gilles : « Je peux arriver avant minuit, c’est faisable ! », il me répondit : « Ca va être dur, mais c’est jouable ». Si je cours à l’allure de 1h10 pour 10km, je peux arriver avant minuit => 3x1h10 => 3h30 => à 23h50 j’arrive. J’attache ma lampe frontale et pars à l’assaut de la montée vers Tiergues. Je suis resté près de 40 min au ravitaillement de St Affrique, une éternité pour une épreuve sportive !
Animé de cet esprit combatif, je ne ressens plus les douleurs aux jambes. Je me répète dans ma tête : « Je peux le faire ! Je vais arriver ! ». L’air est frais, mes jambes fonctionnent bien, quelques minutes après St Affrique nous dépassons le meneur d’allure de 15h, pour me motiver à garder une allure convenable, je me fixe comme objectif de rejoindre puis de dépasser les coureurs devant moi, ma méthode cardio fonctionne à merveille, je n’ai pas trop de mal à monter vers Tiergues, je fais un bref arrêt au ravitaillement puis je repars. Gilles m’encourage à chaque fois que je double un coureur : « C’est bien ce que tu fais ! C’est super ! Continue ! ».
Courir pendant la nuit avec une lampe frontale est une nouvelle expérience, cela donne une nouvelle dimension à la course, cela rend la course plus mystérieuse, plus aventureuse. On ne distingue que les formes montagneuses du paysage, tout est sombre excepté le faisceau lumineux crée par ma frontale. Je lève les yeux le ciel est clair, les étoiles scintillent en toile de fond. Je suis émerveillé par le cadre, je me dis « woaw ! », j’éteins par moment ma frontale, je me fond dans le paysage, dans l’obscurité, dans la nuit. De temps en temps je ferme les yeux, et je laisse flotter mes jambes, j’essaie d’être en harmonie avec environnement, de me sentir léger, d'entendre dans le silence de la nuit les battements de mon coeur et les martèlement de mes pas sur le bitume.
A 21h30 j’arrive au 80ème km, j'ai mis 1h50 pour aller du 70ème au 80ème km, si on enlève les 40 min d’arrêt à St Affrique cela me fait un rythme de 1h10 pour 10km, je suis dans le bon "timing". Encore deux fois 10 km ! A cette heure-ci nous apercevons encore des coureurs qui descendent vers St Affrique ! Ce sont des courageux, je suis admiratif, si j’étais à leur place j’aurais sûrement abandonné.

Retour à la réalité

Ma période d’euphorie a durée environ 7 km, le temps de la montée. Mes douleurs aux quadriceps, aux orteils, aux tendons derrière les genoux, aux chevilles resurgissent lors de la descente vers St Rome (83 km). J'ai impression que mes jambes sont rouillées. Je ne m’attarde pas non plus au ravitaillement, je mange un peu, j’étanche rapidement ma soif puis je repars.
La descente semble être éternel, le panneau de 85ème km tarde à venir, je commence à ressentir de la fatigue de nouveau. Vers 85km on repasse devant le stand de ravitaillement où les sonos sont à fond, là on se croit d’être dans un rêve, le ravitaillement est tellement surprenant par rapport à l'atmosphère calme et paisible de la nuit, le contraste est saisissant, la musique me revigore un peu mais elle me fait sortir petit à petit de mon euphorie de courir dans la nuit.
Les kilomètres semblent s’allonger, je commence à m’impatienter, je demande sans arrêt à Gilles quand arrive le 90ème km. A St Georges de Luzençon (88 km) nous trouvons un point de ravitaillement à l’intérieur d’une salle, je m’arrête rapidement pour avaler quelques morceaux puis me réhydrater, depuis les ravitaillements après St Affrique (70ème km) je repars avant et Gilles me rattrape sur son vélo. A 22h45 j’atteins le 90ème km. du 80ème au 90ème j'ai mis 1h15. Il me reste 1h15 avant minuit pour effectuer les 10 derniers km, je peux toujours finir avant minuit. Je suis aussi pressé que Cendrillon, je veux arriver avant minuit pour que la magie de Millau ne s’arrête pas.

Le dernier combat contre le temps

J’attaque la montée vers le viaduc de Millau avec confiance, je continue de dépasser les coureurs mais la course devient coriace, la montée semble être sans fin. Mon esprit commence à se révolter, je me dis que c’est absurde de courir, après Millau j’arrête de faire les courses, je ne ferai plus de marathons, d'ultramarathons. Tous les moments difficiles vécus lors des entraînements remontent et me font rebuter, répugner de la course à pied, je pense que je n’aurai jamais la volonté, le courage de me préparer pour une course. Cependant à aucun moment je pense à abandonner, je suis si prêt de l’arrivée, je suis seulement écœuré par la course à pied. J’arrive tant bien que mal à doubler d’autres concurrents pour arriver sous le viaduc de Millau, je ne me lasse pas de la majestuosité de l’édifice mais mon esprit est davantage concentré sur les signaux douloureux de mes jambes.
Malgré plusieurs pénibles descentes je n'ai pas encore appris la leçon, en haut sous le viaduc, mon esprit me dit que le plus dur est fait, le reste n’est que de la descente courir ne demande pas d'effort. En fait le plus dur reste à faire! Depuis un certain temps, j’ai l'impression d’avoir des jambes en bois, j'ai l'impression de me balancer de droite à gauche pour courir, j'avance comme un pingouin. La descente me fait mal aux jambes, on ne fait pas d’effort pour avancer, mais c’est éprouvant, à chaque foulée on sent l’existence de ses douloureux muscles, tendons et ligaments. Je suis comme le Santiago de Heminway, je suis éreinté, érodé par le temps mais je suis toujours debout et combatif, je suis le « Veil Homme et Millau ».
Chaque foulée est un combat contre Millau, je martèle lourdement le bitume qui me renvoie instantanément l’onde de choc, mes jambes résistent, ne rompent pas ; ils encaissent les coups.

Le royaume de Hadès

Ma résistance contre Millau s’achève à la fin de la descente, soudainement, je ne peux plus courir, je dois m’arrêter, je n’arrive plus à marcher droit, je titube, mes jambes semblent ne plus répondre à ma volonté, elles ne peuvent plus me supporter, je m'adosse à un poteau et j’ai soudainement extrêmement faim. Je suis victime d’une fringale et d’une hypoglycémie. Heureusement que le ravitaillement de Gilles est encore plein, j’avale un mars ça repart pas, puis j’avale de suite trois Balisto et là je me sens un peu mieux. Je remarche petit à petit, je trottine pour arriver au dernier ravitaillement là je prend le temps de prendre quelques gobelets de soupe, des fruits secs, du pain … Repartir est toujours pénible, c’est dur de faire repartir les jambes, mais il ne reste que 4 kilomètres et j’aurai droit au repos, quatre kilomètres pour atteindre l’objectif que je me suis fixé depuis des mois.
Il fait sombre, il fait froid, je me retrouve encore une fois au royaume de Hadès accompagné de mon fidèle compagnon d’aventure Gilles. Je ne pense plus au temps, je ne pense plus à rien, je ne pense qu’à mettre un pied devant l’autre afin d’atteindre la ligne d’arrivée, chaque pas me rapproche de la délivrance, me fait sortit de l’enfer de Millau. Chaque kilomètre semble durer une éternité. Gilles m’encourage à tous les kilomètres, les passants nous applaudissent, les conducteurs klaxonnent pour nous encourager, ces encouragements font oublier un peu les jambes.

La renaissance

Depuis un certain temps, je suis dans un autre monde, plus rien ne me préoccupe, je ne pense qu’à l’arrivée, qu'au repos, les deux derniers kilomètres semblent être longs et s'étendre à l'infini; quand je me remémore de ma course, j’ai l'impression que j’ai passé des heures à courir dans les rues de Millau. Au dernier kilomètre nous commençons à croiser ceux qui ont « déjà » fini, les arrivés encouragent les arrivants, les encouragements nous ramènent petit à petit à la vie.
Au bout de l’avenue Jean Jaurès, j’aperçois le parc de la Victoire, l’arrivée est proche, le repos, la délivrance est proche. Les gens, les coureurs sur les côtés nous félicitent, je ne ressens plus de douleurs, je ne ressens plus la fatigue. Après une nouvelle errance chez Hadès, les allées illuminées m’emmènent-elles vers les Champs Elysées où les héros, les vertueux se reposent ?
A quelques mètres de l’arrivée Gilles me rejoint, nous effectuons les derniers mètres ensemble, comme lors du marathon de Paris. Grâce à son soutien, aujourd’hui j’ai pu réussir mon défi. Une nouvelle fois, l’entraide et l’amitié ont permis de surmonter toutes les difficultés, toutes les pentes de Millau.
Je n’explose pas de joie à l’arrivée, mais je savoure mon bonheur paisiblement et calmement, je sais que j’ai réussi une épreuve très éprouvante physiquement et mentalement. J’ai pu aller au-delà du supportable, je suis heureux d’avoir atteint la ligne d’arrivée, je goute à la plénitude de l’accomplissement personnel réalisé.
Il est 00h25, après 14h25 ma vie millavoise prend fin au kilomètre 100, une autre vie commence …

Pourquoi?

Revenons à la question « Pourquoi ? » posée au début, est-ce que cela vaut la peine de se fatiguer autant, de se donner autant de mal, de pousser son corps jusqu’à la limite supportable et même au-delà ? Mais courir ne ressemble pas-t-il à vivre ?
Les 100 km de Millau ne sont-ils pas une métaphore de la vie ? Les premiers km ressemblent à notre jeunesse, nous découvrons les joies de vivre de courir, nous sommes insouciant, débordant d’énergie. Puis arrive la période d’adulte où nous faisons moins d’illusions sur la vie, nous sommes plus calmes, plus responsables, nous avons toujours confiance en l’avenir, en nos capacités. Ensuite vient la vieillesse, quoi que nous faisons le temps nous rattrape, même si la volonté peut déplacer des montagnes nous sommes limités par nos capacités physiques, mais cela nous ne empêche pas d’avancer, de réaliser nos rêves.
Comme dans la vie, pendant la course nous allons de haut en bas puis de bas en haut. Comme dans la vie les moments de bonheurs peuvent côtoyer des moments moins joyeux, durs et tristes. Comme dans la vie nous pouvons être en pleine forme puis subir soudainement un accident, une défaillance. Comme dans la vie, nous avons besoin de l’entraide, de l’amitié, de la solidarité, de l’amour pour réussir. Comme dans la vie, nous avons besoin d’être persévérant pour atteindre notre objectif … Il existe d’innombrables comparaisons possibles.
La vie n’est jamais facile, tout ne déroule pas comme nous le voulons, certains moments nous ne voulons plus continuer, mais notre volonté nous permet toujours d’avancer, d’être heureux de vivre et de nous battre pour un futur meilleur. Nous vivons car la vie est belle, nous courons car la course représente la vie, même si elle est dure elle vaut la peine d'être vécu.

Epilogue

Gilles a terriblement mal au derrière après 14h sur un vélo, je suis prêt à inverser les rôles pour une prochaine édition… J’ai terminé ma course en partie grâce à lui. Cyril a effectué Millau en 12h56, nous avons réussi notre défi commun. J'ai une pensée envers les bénévoles, les coureurs, les spectateurs, je les remercie pour leur encouragements, leurs soutien et leur gentillesse. Je n'oublie pas mes amis/amies bloggeurs qui viennent des quatre coin du monde qui m'ont suivi et qui m'ont encouragé depuis ma préparation pour Millau. Nous repartons de Millau avec de formidables souvenirs et des liens d’amitiés encore plus forts.
Tout est bien qui finit bien. Et comme la nuit précédente la course, la nuit suivante a été agitée, mes jambes sont bien douloureuses et sont un peu gonflé. Notre retour s’est effectué tranquillement en avion depuis Rodez Marcillac à Paris-Orly, arrivé en bas de chez moi j’ai eu l’agréable surprise de voir que l’ascenseur ne fonctionne pas, je vous laisse imaginer la scène, moi avec une valise de 10kg et 100km dans les jambes monter les marches un à un en grimaçant. Une semaine après j'ai retrouvé l'usage de mes jambes, je n'ai que quelques bobos au niveau des orteils. Je ne garde pas de séquelles, je ne garde seulement que de souvenirs impérissables.

Mes courbes d'allure et de fréquence cardiaque :
La deuxième boucle a été un calvaire, l'état de mes jambes ne me permet pas de fonctionner mon système cardio-respiratoire à plein régime.

Comme d’habitude je sous estime toujours les difficultés d’une course, mon objectif de 12h n’est pas atteint, ni celui de minuit. Mais terminer Millau suffit à me rendre heureux quelque soit le temps. Pour être heureux jusqu'à un certain point, il faut que nous ayons souffert jusqu'au même point. (Edgar Allan Poe). Je suis tellement heureux ;-).
Les 100 km de Millau est une course magnifique, un mythe, une course à plusieurs facettes, j’ai vécu trois différentes courses : le marathon, l’ultra et la course de nuit.
Les 100 km de Millau furent une expérience riche en émotions. C’était une aventure humaine extraordinaire. Grâce à Millau j’ai pu vivre une vie bien intense à l’intérieur d’une vie, je suis ressorti grandi. Ce fut l’accomplissement d’un défi sportif et d’une histoire d’amitié inoubliable.
Mes aventures dans le monde des courses de longues distances ne font que commencer. A bientôt pour de nouveaux défis !

Comme dis Fran : Viviendo la vida pasar !

dimanche 4 octobre 2009

Une semaine après

Une semaine après, je me sens bien, je n'ai pas de séquelles musculaires et tendineuse, mes genoux, mes chevilles, mes tendons d'Achille sont ok. J'ai impression de récupérer plus vite qu'après mon premier marathon.
Mes seuls bobos se situent au niveau des orteils, la moitié de mes orteils sont noirs.

Depuis le début de l'année j'ai enchainé plusieurs épreuves éprouvantes : mon 1er marathon, mon 1er triathlon DO, mon 1er ultramarathon. J'ai besoin de prendre des vacances par rapport à mes activités physique.
Je vais reprendre les entrainements petits à petits, d'abord la natation, puis le vélo (si le temps le permet) et ensuite la course à pied. Je reprendrai l'entrainement sérieusement quand j'aurais enfin envie de recourir. Je m'accorde un peu de repos, j'en avais un peu ras le bol de m'entrainer depuis plus d'un an, d'être tout le temps concentré sur un objectif est fatiguant psychologiquement.

Sinon je travaille sur le CR, un 100 km c'est long, j'essaie de me reconstituer tous les instants de ma course.

Pour mon prochain grand défi je vous l'annoncerai prochainement. Pour vous donner quelques pistes, je me suis inscrit à l'écotrail de Paris, le 20/03/2010 : 80 km et 1500 m de D (Millau : 100km et 1200 de D). L'écotrail me permet d'engranger 2pts pour l'UTMB.